paru le dimanche 12 avril 2020

Mission diplomatique (fin)

Dans sa chute, la magicienne enfourcha son balai et lança un sort dans une langue oubliée des mortels.


 

 

 

Un éclair bleuté zébra l’ustensile ménager et… et c’est tout, la gravité continuant à l’entraîner irrémédiablement vers le sol.


- « Foutredieu, un Diesel ! », brailla la magicienne morte de trouille.


Pour les quelques néophytes en sorcellerie suivant cette aventure, un Diesel est un balai de base taillé dans du sapin généralement utilisé pour faire le ménage et plus rarement pour voler. En effet, selon l’essence du bois utilisé le balai aura besoin d’un temps de chauffe plus ou moins long avant le démarrage. En bref, notre sorcière bien-aimée était à quelques brindilles d’une mort certaine.

Elle se concentra tant qu’elle pu, ses mains devinrent brûlantes, brillant d’une lueur rouge et maléfique. Le manche se consumait sous ses doigts incandescents lorsque deux détonations sourdes résonnèrent dans la cour du château. Les genoux frôlant le sol, Shanya redressa juste à temps pour éviter le pire. L’engin fila en rase motte sous les fenêtres du palais, évita une nuée de flèches avant qu’un rire moqueur ne traverse la lice suivi d’une toux sèche due à l’absorption d’un moucheron.


- Keufff, keufff…


- Faut pas le prendre mal hein, c’est pas contre vous…


Les yeux révulsés, la bouille royale vira au violet, un bras tendu et crispé vers une coupe de vin. Son altesse s’étouffait avec la Tripouille qu’elle avait gobé et Arthus venait tout juste de percuter.


- Ah non, me fait pas ce coup-là, hein ! C’est vraiment pas le moment ! On doit réécrire l’histoire toi et moi…


A plusieurs reprises, le guerrier tapa vigoureusement dans le dos d’Ydrasil, espérant lui faire recracher le morceau mais rien n’y fit. Après un dernier soubresaut, le roi Ydrasil XXVII lâcha son dernier soupir, vaincu par la spécialité culinaire de son royaume. Les troubadours stoppèrent leurs musiques et leurs cabrioles, les invités leurs conversations, le temps se figea, interrompu seulement par une voix lointaine provenant des étages :


- A l’assassin !!!


Le regard ahuri d’Arthus croisa ceux plus menaçants des gardes royaux. Il comprit rapidement la logique simpliste qui traversa leurs esprits. Trop tard pour les convaincre, il était le bouc émissaire idéal.

Blasé d’être le pion d’un destin railleur qui se moquait éperdument de lui, il sortit son épée dans un soupir de lassitude alors que les troupes d’élites fonçaient sur lui sabre au clair. Sans attendre, le fils d’Azalem bondit sur la table, esquiva quelques lames et couru vers les escaliers. Il se devait de récupérer Shanya. Le code d’honneur de l’armée était clair : un sergent n’abandonne jamais ses soldats, fussent-ils aussi égoïstes et bornés.

Avalant les marches quatre à quatre il atteignit rapidement le balcon où l’attendait déjà une tripotée de fantassins. Après une rapide réflexion, Arthus se dit finalement que la sorcière était assez grande pour se débrouiller toute seule.


Le militaire grimpa sur la rambarde et sauta vers le lustre, le saisissant d’une main ferme. Il utilisa son élan pour se balancer en direction de l’une des immenses fenêtres avant de lâcher sa prise. D’un geste vif, il planta sa rapière dans l’un des lourds rideaux de velours, qui sous son poids et dans un bruit de textile déchiré, le fit descendre délicatement jusqu’au sol. Il avait mis un peu de distance entre lui et ses poursuivants mais deux chevaliers lui coupaient maintenant la route. Flamberges en main, ils l’attaquèrent avec toute la fougue de la jeunesse et les lames s’entrechoquèrent pour la plus grande joie des spectateurs.

Même pour un soldat entraîné, il était difficile de faire face à deux adversaires chevronnés. Toutefois la défense d’Arthus tint bon et à force de feintes, de moulinets et d’estocs, il entraîna le premier aux pieds du second qui trébucha sur le corps de son camarade. Le fils d’Azalem n’eut plus qu’à donner un coup de pommeau derrière la nuque pour lui faire traverser la baie vitrée.

Blessé dans sa fierté, le chevalier à terre se releva et revint à la charge. Arthus para l’attaque et de son autre main bloqua le bras de son agresseur pour l’entraîner dans une danse mortelle… ou presque. Arthus avait stoppé son geste fatal, maintenant son épée sous la gorge de son otage.


Une quinzaine d’hommes en armes l’encerclaient dans un silence religieux seulement troublé par le hululement d’une chouette. Resserrant sa prise, Arthus monta sur le parapet pour jeter un coup d’œil dans le vide tandis qu’autour de lui se pressait une armée de bourreaux assoiffés de sang.


- Messieurs, il y a méprise. Mais puisque vous ne semblez pas convaincus, je consens à passer le jugement ordalique. Adieu donc.


Arthus repoussa le prisonnier vers ses comparses et se jeta par la fenêtre devant un auditoire estomaqué.

L’instant d’après, ses parties intimes lui signifièrent qu’il était bien arrivé sur le balai de la sorcière, garé juste en dessous.


- Arrghhh ! Mais qu’est-ce que vous foutez à moitié à poil ?


- Au lieu de poser des questions stupides, ça vous arracherait la gueule de dire merci ?


- Ha… Euh oui, merci. Vous imitez vachement bien la chouette au fait.


Un carreau se figea au-dessus de leurs têtes coupant court à cette palpitante conversation.


- Prend moi par la taille !


- Ca aurait été avec plaisir vraiment, mais je ne crois pas que ce soit le moment…


- « Rho, mais arrêtez avec vos sous-entendus graveleux ! », hurla la magicienne tout en s’empressant de descendre en piquet pour esquiver une nouvelle nuée de flèche.


L’engin diabolique rasa le sol semant la panique parmi chevaux et écuyers. La belle ne redressa qu’une fois arrivée au pied d’une tour. La construction les protégeant des archers, ils purent remonter sans être inquiétés. Il fallu un peu plus de maîtrise et d’acrobaties pour éviter les derniers traits, mais les à-coups irréguliers du balai réussirent à berner leurs ennemis. Lorsqu’ils furent hors de portée des flèches incendiaires, un éclat de voix sardonique parcourut le ciel. Ce rire cristallin fut ponctué, mais je n’en suis pas sûr car il faisait sombre, de quelque chose qui s’apparentait à un bras d’honneur à l’intention des gardes.

Suspendus dans la voûte étoilée, les ambassadeurs jubilaient, se délectant de la frustration des soldats.


- « Alors ? Et cette négociation ? » demanda la voleuse.


- Je crois qu’ils ont encore de vieilles rancoeurs en travers de la gorge. La paix ne sera pas pour tout de suite je le crains.


- Bien. Il fait frisquet en altitude. Dites, vous n’auriez pas quelque chose pour me couvrir ? Je commence à avoir froid…


- Désolé, mais ma cape est restée sur l’une des chaises du château.


- Par les seins de Nyshra*! Vous êtes toujours aussi mal équipé à ce que je vois, hé hé !


Arthus vira rouge pivoine, ne sachant plus où se mettre.


- Non mais hé ho, cessez de croire à toutes ces rumeurs hein ! Et puis qui parlait de sous-entendus graveleux tout à l’heure ?


- « Ca va je blaguais. On s’en est pas trop mal sorti finalement… » dit-elle en resserrant entre ses cuisses le fruit de son larcin.


- Oui, le régicide a été un franc succès !


- Ha, c’était Régis son petit nom ? Je savais que vous n’étiez pas contre les nouvelles expériences…


Et le couple continua son vol sous le regard bienveillant de la lune et les injures du sergent que la censure nous interdit de dévoiler ici.

 

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* Déesse de la chaude hospitalité, de la luxure et des contorsions douteuses

 

 


 
 
paru le dimanche 19 avril 2020

La garantie qui vous rend votre pognon

 

Non content de vendre le matériel des aventuriers malheureux, le maître profite de son matériel d'occasion en l'assurant au cas où ce dernier serait défaillant...

Et comme toutes les garanties, le chemin pour obtenir réparation est truffé d'embûches...

Bonne écoute !

Sook 

 

 

Episode 6: La garantie Donjon Mignon

 

 

 

Musique: Avant Orage

 


 
 
paru le dimanche 03 mai 2020

Les ennuis commencent...

Et voilà, ça devait bien arriver un jour... A force de glander, les employés du SAV se sont fait repérer et vont avoir une inspection du travail...
Et vogue la galère...
 
Cet épisode est le premier d'une petite série si tout va bien...
 
Bonne écoute!
Sook
 
 

  
 
 

 
 Musique: Konoha Day, Brazil, La marche impériale
 


 
 
paru le dimanche 13 juin 2021

Bouquiniste !


 

 

On passe aujourd'hui de l'autre côté du SAV, à la boutique.

 

 

Nathan s'occupe de la boutique du "Donjon Mignon" et doit faire l'inventaire des nouveaux bouquins quant un client sonne à sa porte...

 

La direction s'excuse par avance...

 

 

 

Depuis la fin de flashplayer, je ne peux plus mettre de musique sur vefblog. Le lien vous renverra sur soundcloud.

 

Episode 7: Bouquiniste !

 

Musique: Achaidh cheide de Kevin macleod

 

Bonne écoute!

 

Sook

 

 


 
 
 

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